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Gandahar 13 : La Course

Illustration de Michaël Thomazo

SOMMAIRE

 

Dans la course - Pat Cadigan
Chevaucher le bibosse - Vincent Ferrique
Soixante secondes chrono - Xavier-Marc Fleury
La course à l’emploi - Agathe Tournois
No Pity - Cancereugène
Les Saturnautes - Wilfried Renaut
Cavale boréale - Jason Roy
À dos de rhinodendron - Renaud Ehrengardt
Captain Bat Boy - Christophe Garreau
Perles de l’Imaginaire - Ch.Brignon, Fr. Jammes, JP Fontana

ÉDITORIAL

 

La course est un thème qui peut sembler masculin au premier abord puisque l’esprit de compétition a longtemps été l’apanage des hommes. Vous verrez cependant que les femmes entrées en lice ne se laisseront pas distancer.

Pat Cadigan ouvre les hostilités avec sa nouvelle « Dans la course » où une étrange pandémie anticipe la mode actuelle du running.

Avec « Chevaucher le bibosse », Vincent Ferrique nous emmène sur la planète Anthareva, dans une île aux conditions climatiques extrêmes et nous réserve une jolie surprise au final. « Soixante secondes chrono » de Xavier-Marc Fleury est une course transtemporelle illégale jubilatoire qui met en scène des autos culte. Agathe Tournois tourne en dérision un avenir inquiétant avec « La course à l’emploi ». Dans « No Pity », Cancereugène (Bob pour les intimes) choisit une approche indirecte pour nous narrer la scarab’course de l’enfer. « Les Saturnautes » de Wilfried Renaut ainsi que « À dos de rhinodendron » de Renaud Ehrengardt, nous font découvrir une façon inédite, voire complétement disjonctée de gagner une course, pour un débutant qui jongle avec la chance. Jason Roy, le Canadien, nous trace un vif sillage en motoneige avec « Cavale boréale » et enfin Christophe Garreau et son « Captain Bat Boy » nous mettent une belle claque pour finir ce recueil à pleine vitesse.

 

Il me reste à vous souhaiter d’apprécier pleinement cette piqûre d’adrénaline.

 

Bonne lecture !

 

Christine Brignon

INCIPITS

 

PAT CADIGAN - Dans la course

 

« Des lemmings. C'est la comparaison qui s'imposerait, dit mon père, le nez dans sa tasse de café. Mais on ne peut pas dire qu'ils se noient. Ils ne vont pas en procession se suicider dans la mer. Je pense que ça se rapproche plutôt des danses hystériques médiévales.

– Foutaises ! dit ma mère, sans abaisser son journal. Et d'ailleurs, qu'est-ce que tu connais aux danses hystériques médiévales ?

– Pas grand-chose, en vérité, si ce n'est qu'en Europe des bandes de danseurs traversaient les villages et que la danse était en quelque sorte contagieuse. Les villageois entraient à leur tour dans la danse et dansaient jusqu'à l'épuisement. Parfois jusqu'à la mort. »

Ma mère renifla derrière son journal. « Bon, il n'y a qu'un truc qui cloche dans cette théorie, Zeke. » Mon père ne s'appelait pas Zeke. C'était un surnom que ma mère donnait aux gens qu'elle soupçonnait de se laisser aller à la facilité. « Personne ne meurt. Et personne n'a l'air d'être à bout de forces non plus. Qu'est-ce que t'en dis ? »

Mon père haussa les épaules. « C'est un miracle. »

Ils ne me demandèrent pas mon opinion. En tant que divorcée revenue temporairement au bercail, j'étais condamnée au sois-sage-et-tais-toi pendant leurs conversations à table. Mes parents n'avaient jamais eu une once de respect pour les conseils du Dr Spock ou la méthode Montessori. Je mangeai ma gaufre lentement, les écoutant parler avec mon esprit au point mort.

« Les miracles ne poussent pas sur les arbres, dit ma mère. Et seul Dieu peut faire un miracle.

– Tout est miracle. » Mon père se cala contre le dossier de sa chaise et fixa le vide. La lumière du soleil qui rentrait par la fenêtre au-dessus de l'évier coupait en deux son crâne chauve et lui faisait une calotte brillante, légèrement de travers. « La respiration. La vie. Les trous noirs. Toute la création. Tout n'est qu'une succession continue de miracles. Alors pourquoi ne pas rajouter ce miracle-là ?

 

VINCENT FERRIQUE - Chevaucher le bibosse

 

Il existe dans l’univers des mondes particulièrement rébarbatifs. Des atmosphères d’ammoniac ou de méthane, des sols de magma éruptif, des brises légères plus puissantes que des ouragans, des continents balayés par des éclairs d’une mortelle majesté, des froidures à solidifier l’oxygène, des chaleurs à fondre le diamant.

Sur Antharéva, vous jouirez d’un environnement compatible avec la vie terrestre, de la douceur d’un climat merveilleux, d’une faune et d’une flore accueillantes. Le hasard n’intervint donc pas dans l’établissement de l’homme sur ce globe, qui ne nécessita pas d’étape de terraformation. Or à la surface de ce jardin d’Éden émergeait le continent le plus dur et le plus inhospitalier qui se trouvât dans les quinze mondes colonisés. Un bout de territoire tout en longueur, ceinturé de hautes falaises qui plongeaient dans un océan démonté. Dans l’île de Katanari, il n’avait pas plu depuis 1300 ans antharéviens. Elle ne contenait que rocs, cailloux et sable. Aucune plante n’y poussait, aucun animal n’y vivait. La chaleur qui y régnait et le rayonnement de l’étoile qui éclairait Antharéva vous grillaient la cervelle avant que vous n’ayez songé à ouvrir votre parasol.

Un enfer pour ceux qui avaient le malheur ou l’inconscience de s’y fourvoyer. Un paradis pour les aficionados de ces divertissements barbares qui maltraitaient les transhumains et fleurissaient comme des chancres. La plus sauvage des courses s’y déroulait, dans cet endroit diabolique qui lui convenait à merveille. Les organisateurs s’enorgueillissaient du plus sordide des règlements, se félicitaient de présenter à la Galaxie le plus ignoble des jeux.

 

XAVIER-MARC FLEURY - Soixante secondes chrono

 

Malgré la musique techno assourdissante, l’alerte fuse comme une traînée de poudre parmi les concurrents massés dans le hangar à avions désaffecté.
– Les tempoflics débarquent !
S’ensuit une cohue indescriptible. Sous l’effet de la panique, chacun se rue vers sa voiture de course. Les pétarades des tuyaux d’échappement noient la musique. La fumée des gaz gomme les effets moonflower des lumières d’ambiance. Et moi, tandis que les premiers véhicules se ruent au dehors pour semer les flics en train de se poser sur le tarmac, je cale deux fois. Quand je démarre enfin mon Austin-Healey 1960, il est trop tard pour espérer m’enfuir vers le désert. Dégoûtée, je cogne de rage sur le tableau de bord, et les aiguilles des compteurs sursautent. Dire que n’avais jamais été aussi près de participer à la course. Un an de lèche sur les forums privés pour m’incruster dans le cercle fermé des pilotes clandestins, des centaines d’heures supplémentaires pour glaner de quoi acheter des pièces au marché noir, tout ça pour rien ! 
Une Harley trike juchée sur trois énormes pneus tout terrain de quarante centimètres de large se porte à ma hauteur. Son conducteur, Hallen, arbore un grand sourire égratigné par une incisive absente. Il désigne du menton le stand des organisateurs. Je réalise que les chrono-hackers sont toujours sur leur estrade, arc-boutés sur un enchevêtrement d’ordinateurs. Anonymes derrière leur casque chromé à visière opaque, ils se sont connectés au réseau Tempora et continuent de développer un parcours. Malgré l’intrusion imminente de la police temporelle, ils semblent toujours vouloir lancer la troisième édition de la CITT, la Course Illégale de Tous les Temps. Je ne veux pas y croire. Je questionne mon pote motard en m’égosillant, même s’il ne peut certainement pas m’entendre dans le vacarme ambiant.

 

AGATHE TOURNOIS - La course à l'emploi

 

Alexian n’avait jamais passé d’entretien d’embauche. Après ses études de commerce, son père lui offrit, comme prévu, un poste de choix dans l’hôtel familial sur le satellite. Il s’y consacra corps et âme jusqu’à la faillite. S’affaler devant une émission de téléréalité ne faisait donc plus partie de ses loisirs depuis longtemps. Pourtant, adolescent, il se délectait de regarder les courses à l’emploi. Les concurrents prêts à toutes les humiliations et trahisons pour remporter le poste béni.
En arrivant à l’adresse indiquée, il regretta de ne pas s’être donné la peine de visionner une compétition récente. Avec seulement une soirée pour préparer son entretien, il avait préféré se concentrer sur le règlement officiel. Ne connaissant que les règles qui avaient cours sur la Lune, il passa une nuit blanche à apprendre les terriennes. Mais ses maigres souvenirs n’égalaient en rien la réalité qui s’animait sous ses yeux. Il s’était attendu à voir une ligne de départ entourée de quelques badauds attirés par les caméras, deux ou trois stands de rafraîchissements et sucreries en tout genre ainsi qu’un poste de premiers secours. Alors quand il découvrit une digue noyée sous une vague de cahutes touristiques plus extravagantes les unes que les autres, il se demanda s’il ne s’était pas perdu. En s’approchant, il eut la désagréable certitude que non. Les préfabriqués vendaient de nombreux articles à l’effigie des agences de reconversion et des participants de la course. Tasses, jumelles infrarouges, casquettes, holobadges de collection, etc. Le souffle coupé, Alexian n’arrivait pas à détacher son regard de son visage qui pullulait sur la pâte à sucre de gâteaux garantis bio à 32 %. Il traversa ce marché aux horreurs d’une démarche raide. La cacophonie humaine et le rire des mouettes ne l’aidèrent pas à s’apaiser. Ses battements de cœur lui résonnaient dans la tête comme une musique de vieux film à suspense.

 

CANCEREUGÈNE - No pity

 

Testament de Fatima Hastanek, concurrente n° 2
« Mes amours, si vous lisez cette lettre, c'est que je ne suis plus de ce monde, alors autant y mettre mes dernières volontés. Cependant, au-delà du testament, je souhaite m'expliquer.
Personne ne m'a obligée à participer à cette course. Je ne suis pas une victime, sachez-le. Ma démarche était volontaire.
Les motifs de mon engagement sont multiples. Je pourrais prétendre que le départ de votre père me pèse, que son absence me contraint à un emploi du temps impossible à tenir, pour vous éduquer tout en maintenant mon activité professionnelle, que cela m'épuise au point d'envisager le tout pour le tout. Les services sociaux m'ont dans le collimateur, à cause de mes retards continuels pour récupérer Laura et Daniel au centre éducatif. La pression de mon patron n'est pas un argument à leurs yeux. Et puis cette garde à domicile qui vient quand elle veut, m'obligeant à recourir aux services de mes voisins, de parfaits inconnus. Ces difficultés liées à mon isolement sont épuisantes. Je pourrais en vouloir à mort à Bastien, au point de mettre fin à mes jours, pour le rendre coupable de notre malheur. Mais en vérité, ce n'est pas le cas. Bastien m'a quittée à l'occasion d'une promotion. Il ne pouvait pas la refuser. Vous savez à quel point il s’est investi dans son métier. La finance est sa vie. Je l'ai poussé à avoir une famille, mais je savais en l'épousant qu'il n'était pas fait pour cela. Il vous adore, n'en doutez pas, mais son travail requiert vraiment toute son attention. J'espère qu'il parviendra à son but. La pension qu'il me verse chaque mois suffit à subvenir à nos besoins. Je n'ai pas agi pour l'argent.

 

WILFRIED RENAUT - Les saturnautes

 

Des flashes me forcent à ouvrir les paupières. Une lumière me brûle la rétine et je les referme aussitôt. Une surface lisse qui résonne comme du cristal sous le tapotement de mes doigts m’empêche de me frotter les yeux. Je les plisse pour faire couler les larmes qui les embuent, puis les entrouvre légèrement. À dix centimètres de mon visage, des lettres bleues flottent dans les airs. Les Saturnautes débuteront dans… Un décompte indique moins de neuf minutes.
Mon regard outrepasse les inscriptions. Aussitôt, mon corps se contracte. Toute embuée par mon souffle qui s’accélère, la visière d’un casque me protège du… du reste de l’Univers. Un système d’aération siffle. La condensation s’efface et des milliers d’étoiles réapparaissent. Fait-il déjà nuit alors que je planchais au labo il y a quelques minutes encore ? Me suis-je assoupi sur un des balcons du ministère ?
Je me passe les mains devant le visage. Elles sont gantées, enfoncées dans une combinaison qui empaquette l’ensemble de mon corps. Qu’est-ce que… ?
Sentant la panique monter, je m’appuie sur le sol pour me redresser. Mes doigts s’enfoncent sous une couche de poussière qui n’a jamais tapissé la terrasse de béton depuis laquelle j’observe habituellement les astres. La poussée manque de me faire décoller. Je me relève dans un tourbillon de particules grises et parviens tant bien que mal à rétablir mon équilibre. Les deux pieds fichés dans le sol inconnu, j’inspecte plus précisément les alentours.

 

JASON ROY - Cavale boréale

 

Ses bottes s’enfoncent dans la neige autour de la corde de bois dans laquelle il pige, patiemment, les bûches pour le feu. Il y a déjà une bonne braise dans le poêle de fonte. L’homme doit s’assurer de rentrer assez de combustible avant que ne tombe l’obscurité. Il calcule qu’il doit bien faire vingt sous zéro, la nuit s’annonce glaciale. Derrière lui, le campement paraît figé dans la blancheur, la neige remonte jusqu’aux deux petites fenêtres givrées, de chaque côté de la porte qu’il a mis une demi-heure à dégager. Les grandes branches de sapins enserrent l’habitation rudimentaire. Un mince filet de fumée s’échappe de la cheminée. Il sourit. La planque s’avère parfaite.

Sous les branches d’un pin immense repose la motoneige qui l’a amené jusqu’ici, un modèle rutilant qui dépasse les cent à l’heure même en pleine neige folle. L’homme se retourne vers l’engin, son attention happée par la plainte de deux bouleaux dont les troncs se frottent sous l’effet du vent. Il faudra qu’il s’habitue aux bruits de la forêt. Plus loin, son regard croise les yeux rouges d’un lièvre, immobile sous une épinette. Le camp de chasse est pourvu d’une réserve de boîtes de conserve, mais dispose aussi d’une carabine de calibre .22 et de munitions en quantité. Demain, il tentera de prélever quelques congénères de la bête aux yeux écarlates, ou quelques gélinottes dont le vol effarouché a accompagné son voyage dans la profonde forêt nordique, mais pas le temps aujourd’hui. Une dernière fois avant de rentrer, il scrute le paysage boisé. La densité des arbres est telle qu’il ne voit guère qu’à une dizaine de mètres tout autour, si ce n’est par l’ouverture entre les branches derrière le campement. Celle-ci permet de repérer, tout au bas d’une dénivellation marquée, une clairière qui est, en fait, le lac du Portage, gelé.

 

RENAUD EHRENGARDT - À dos de rhinodendron

 

Ce qui était amusant avec la course de Lampder II, près du système de Lancor, dans la constellation de Manyar, c'était ce mélange de rodéo et de trek, tout ça à dos de rhinodendron. OK, laissez-moi vous expliquer un peu. Oui, oui, je sais, vous trépignez, c'est ça le problème avec vous, les gosses. Z'avez aucune patience. Hein ? Oui, j'y ai participé, bien entendu, sinon je vous raconterais pas cette histoire, vous le savez. C'est une question idiote, Lari. Comment ça, y a pas de question idiote ? Bien sûr qu'il y a des questions idiotes, qui vous a dit le contraire ? Miss Elwin ? Ah ! Oubliez-la une seconde, vous voulez bien ?
Bon, asseyez-vous et arrêtez de jacasser à tout va pendant au moins vingt minutes, c’est possible ?

Alors... voici ce qui s'est passé.
J'avais quinze ans, j'étais stupide et à l’époque, j'errais de système en système. Mes parents... bon, c'est une longue histoire mais j'étais déjà autonome. Pour ne pas dire laissé à moi-même. C'était un autre temps, pas comme celui tout mignon et plein de confort dans lequel vous vivez. C'était le Far West, si j'ose dire.
Le Far West ? Oh, vous connaissez rien à rien, bon sang ! Qu’est-ce que Miss Elwin vous apprend à longueur de journée ?

Donc. J'étais jeune et je me suis laissé embarquer dans cette course de dingues pour une histoire de pâté de gnarl pas payé. C'était un des pires pâtés de gnarl qu'il m'ait été donné de manger, au passage, mais c'est encore une autre histoire. Je vous la raconterai un autre jour, elle est pas mal.

 

CHRISTOPHE GARREAU - Captain Bat Boy

 

Non, plus droit.
Plus droit que son oncle.
Il a vingt et un ans et il file plus droit que son oncle. Il mâche un chewing-gum et ses mains ne tremblent pas. Il mâche le chewing-gum jusqu’à ce qu’il soit réduit à un liquide mentholé qui coule le long de ses lèvres. Il n’essuie pas ses lèvres car ses mains sont occupées et elles ne peuvent pas renoncer à leur occupation. Pas même une seconde. Il veut dire une microseconde.
Il s’appelle Captain Bat Boy. Il ne s’appelle pas comme ça réellement. Captain Bat Boy pour impressionner Saul, parce que Trigger ne sait pas parler anglais, parce que c’est cool comme surnom. Mieux que Michel. Captain Bat Boy dans l’univers infini, à l’orée des galaxies, à la traîne des astéroïdes troyens. Michel à l’école, à la maison, au pied du corps de Mamé. Michel dans le poing de son oncle.
Captain Bat Boy dans l’espace intersidéral, jusqu’aux lointaines étoiles dont la lumière ne nous atteindra pas avant des semaines. Les mains serrées autour du manche de son Spider Cinetic 500. Les mains suantes et le front suant et les cent soixante navettes brunes à ses trousses et un chewing-gum dans la bouche. Captain Bat Boy perdu dans l’Infinity.
Plus droit que son oncle.

Le dentier qui flotte dans l’eau verte, comme une plante carnivore dans son étang croupi et ses racines métalliques couvertes de morceaux de viande. Michel l’observe sans bouger pendant quelques minutes. Il tient la vieille brosse à dents comme un sceptre. Le roi et son sceptre aux poils tordus. Le souverain devant la bête. Il sait qu’il doit la mater. Le dentier pourri dans son verre d’eau saumâtre sur le bord de l’évier, juste à côté du savon liquide pour se laver les mains.



 

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